Paradise Now : une réaction / een reactie
FR
Je n’avais aucune attente et qu’une très vague idée de ce que je venais voir, j’étais fatiguée mais résolue à me concentrer. La lumière s’éteignit dans le public.
Une succession de tableaux vivants ; 50 ans de poses, de guerres, de modes, de drames, d’évènements, d’inventions et d’images historiques, forcément d’une grande subjectivité mais nous avons bien là un panorama de 50 ans de vécu. Un état des lieux.
Le projet se base sur le Living Theater et cette question : Comment regarde-t-on le passé pour apprendre à gérer le futur ? On le voit bien aujourd’hui : les erreurs se répètent inlassablement, et la naïveté de la jeunesse d’antan ne semble plus de mise en 2018.
Qui a encore le sentiment de pouvoir changer le monde ? On semble tous être face à un mur.
Sur scène, une jeunesse colorée et fraîche sur lequel est projeté un historique de révoltes, des décennies d’histoires qu’elle n’a pas vécue.
Uniformes de baskets noires et blanches et vêtements flashy et hétérogènes, pas de doutes on a fait du chemin depuis les années 60.
Au départ j’ai un peu de mal à rentrer dedans et puis petit à petit je me sens happée par ce qu’il se passe sur scène. La rébellion de ces enfants sauvages va crescendo du début à la fin de la pièce et on est pris à part dans une énergie et un rythme exigeant dont je ne peux plus me détacher.
Dans le fond et dans la forme les barrières sont brisées, et malgré leur jeune âge, ils n’ont pas peur de bousculer le public, de repousser les limites qu’on croyait exigées dans les salles de spectacle. Un gros réveil bien violent, mais surtout un gros coup de gueule de liberté, on entre avec eux dans cette révolte nécessaire menée avec une hargne rare, la puissance et la force impressionnantes d’un groupe survolté.
Ils tentent de nous réveiller, nous réveiller face à la réelle violence qui nous entoure.
Ils nous transmettent l’énergie de la lutte, lutte contre l’oppression permanente, lutte contre l’immoralité de ce monde, lutte contre l’individualisme imposé, lutte contre ce capitalisme malsain où l’argent occupe la 1ère place, bien loin devant l’humain. C’est face à ce constat qu’ils se lèvent et nous convient à les suivre. Living Theater version 2018.
Je suis perturbée, ils arrivent à me transmettre cette énergie incandescente et j’ai envie d’agir, ces jeunes là. Comme moi, ils ont encore un sacré bout de chemin à faire ici, et pour eux ce n’est pas la peine d’imaginer faire ce bout de chemin dans la passivité et le désabusement. Une rébellion à l’état pur se passe en ce moment sur scène, et c’est beau. Putain que c’est beau de voir des individus se battre ensemble avec une tel nécessité !
Tu sens en eux le trépignement, ce besoin de liberté jubilatoire. Ce besoin de changement vital. Je me sens un peu comme dans l’île des Enfants perdus de Peter Pan, comme une vision d’une autre vie possible, une vie communautaire et rebelle loin des perspectives encadrées et oppressantes.
Un vrai ring de boxe se dessine entre cette jeunesse et la vie qu’on leur impose.
Et puis un retour au calme s’opère, et c’est le moment du réconfort chaud des corps, un besoin de rassemblement tactile. Le toucher n’est-il pas notre premier sens pour créer du lien? Après ce tourbillon, on sent le besoin du rassemblement, le besoin de cohésion.
The fight stopped, time to be soft.
Ce spectacle m’a totalement chamboulée, j’ai eu l’impression de vivre une expérience quasi mystique tant je suis rentrée dedans, avec eux ; ils étaient dans la salle avec nous, nous étions sur scène, il n’y a plus de murs ni de cadre.
Cette énergie du désespoir qu’on nous montre est instantanément liée au courage auquel mène ce désespoir. Comment créer une source de solidarité ?
Par les corps, par l’énergie, on entrevoit les prémisses d’une réponse.
Parfois le désespoir de l’esprit devient la joie des corps, seule issue face à un système social et économique omnipotent. On y oppose la puissance du collectif et de sa révolte.
Même dans la démarche de création, Michiel Vandevelde a réussi à recréer partiellement ce qui faisait tout l’intérêt du Living Theater : cette force du collectif, en grande partie créée par le quotidien de la communauté, vivre en groupe, réfléchir en groupe, se battre en groupe, comme une évidence après le spectacle, cela semble bien être la clé à des combats et des problématiques qu’il serait grand temps de régler.
Lucie sur 'Paradise Now (1968-2018)' de Michiel Vandevelde / fABULEUS au Kaaitheater dans le cadre du Kunstenfestivaldesarts 2018.
NL
Je n’avais aucune attente et qu’une très vague idée de ce que je venais voir, j’étais fatiguée mais résolue à me concentrer. La lumière s’éteignit dans le public.
Une succession de tableaux vivants ; 50 ans de poses, de guerres, de modes, de drames, d’évènements, d’inventions et d’images historiques, forcément d’une grande subjectivité mais nous avons bien là un panorama de 50 ans de vécu. Un état des lieux.
Le projet se base sur le Living Theater et cette question : Comment regarde-t-on le passé pour apprendre à gérer le futur ? On le voit bien aujourd’hui : les erreurs se répètent inlassablement, et la naïveté de la jeunesse d’antan ne semble plus de mise en 2018.
Qui a encore le sentiment de pouvoir changer le monde ? On semble tous être face à un mur.
Sur scène, une jeunesse colorée et fraîche sur lequel est projeté un historique de révoltes, des décennies d’histoires qu’elle n’a pas vécue.
Uniformes de baskets noires et blanches et vêtements flashy et hétérogènes, pas de doutes on a fait du chemin depuis les années 60.
Au départ j’ai un peu de mal à rentrer dedans et puis petit à petit je me sens happée par ce qu’il se passe sur scène. La rébellion de ces enfants sauvages va crescendo du début à la fin de la pièce et on est pris à part dans une énergie et un rythme exigeant dont je ne peux plus me détacher.
Dans le fond et dans la forme les barrières sont brisées, et malgré leur jeune âge, ils n’ont pas peur de bousculer le public, de repousser les limites qu’on croyait exigées dans les salles de spectacle. Un gros réveil bien violent, mais surtout un gros coup de gueule de liberté, on entre avec eux dans cette révolte nécessaire menée avec une hargne rare, la puissance et la force impressionnantes d’un groupe survolté.
Ils tentent de nous réveiller, nous réveiller face à la réelle violence qui nous entoure.
Ils nous transmettent l’énergie de la lutte, lutte contre l’oppression permanente, lutte contre l’immoralité de ce monde, lutte contre l’individualisme imposé, lutte contre ce capitalisme malsain où l’argent occupe la 1ère place, bien loin devant l’humain. C’est face à ce constat qu’ils se lèvent et nous convient à les suivre. Living Theater version 2018.
Je suis perturbée, ils arrivent à me transmettre cette énergie incandescente et j’ai envie d’agir, ces jeunes là. Comme moi, ils ont encore un sacré bout de chemin à faire ici, et pour eux ce n’est pas la peine d’imaginer faire ce bout de chemin dans la passivité et le désabusement. Une rébellion à l’état pur se passe en ce moment sur scène, et c’est beau. Putain que c’est beau de voir des individus se battre ensemble avec une tel nécessité !
Tu sens en eux le trépignement, ce besoin de liberté jubilatoire. Ce besoin de changement vital. Je me sens un peu comme dans l’île des Enfants perdus de Peter Pan, comme une vision d’une autre vie possible, une vie communautaire et rebelle loin des perspectives encadrées et oppressantes.
Un vrai ring de boxe se dessine entre cette jeunesse et la vie qu’on leur impose.
Et puis un retour au calme s’opère, et c’est le moment du réconfort chaud des corps, un besoin de rassemblement tactile. Le toucher n’est-il pas notre premier sens pour créer du lien? Après ce tourbillon, on sent le besoin du rassemblement, le besoin de cohésion.
The fight stopped, time to be soft.
Ce spectacle m’a totalement chamboulée, j’ai eu l’impression de vivre une expérience quasi mystique tant je suis rentrée dedans, avec eux ; ils étaient dans la salle avec nous, nous étions sur scène, il n’y a plus de murs ni de cadre.
Cette énergie du désespoir qu’on nous montre est instantanément liée au courage auquel mène ce désespoir. Comment créer une source de solidarité ?
Par les corps, par l’énergie, on entrevoit les prémisses d’une réponse.
Parfois le désespoir de l’esprit devient la joie des corps, seule issue face à un système social et économique omnipotent. On y oppose la puissance du collectif et de sa révolte.
Même dans la démarche de création, Michiel Vandevelde a réussi à recréer partiellement ce qui faisait tout l’intérêt du Living Theater : cette force du collectif, en grande partie créée par le quotidien de la communauté, vivre en groupe, réfléchir en groupe, se battre en groupe, comme une évidence après le spectacle, cela semble bien être la clé à des combats et des problématiques qu’il serait grand temps de régler.
Lucie sur 'Paradise Now (1968-2018)' de Michiel Vandevelde / fABULEUS au Kaaitheater dans le cadre du Kunstenfestivaldesarts 2018.
© Illias Terlinck |
Ik had geen verwachtingen en alleen een heel vaag idee van wat ik zou zien, ik was moe maar vastbesloten om me te concentreren. Het licht ging uit in het publiek.
Een opeenvolging van tableaux vivants; 50 jaar poses, van oorlogen, van modes, van drama's, van gebeurtenissen, van uitvindingen en historische beelden, uiteraard van een grote subjectiviteit, maar we hebben hier een panorama van 50 jaar beleefd. Een stand van zaken.
Het project is gebaseerd op het Living Theater en de vraag: Hoe kijken we naar het verleden om te leren hoe we de toekomst kunnen omgaan? Het is vandaag duidelijk: fouten worden onvermoeibaar herhaald en de naïviteit van de jeugd van weleer lijkt in 2018 niet meer op zijn plaats. Wie voelt er nog dat ze de wereld kunnen veranderen? We lijken allemaal voor een muur te staan.
Op het podium, een kleurrijke en frisse jeugd op wie een geschiedenis van revoltes, tientallen jaren van verhalen wordt geprojecteerd, die ze niet heeft geleefd. Uniformen van zwart-witte sneakers en flitsende en heterogene kleding, ongetwijfeld hebben we een lange weg afgelegd sinds de jaren '60.
In het begin heb ik een beetje moeite om er in te geraken, maar dan voel ik me beetje bij beetje gegrepen door wat er op het podium gebeurt. De opstand van deze wilde kinderen gaat van begin tot eind crescendo en we zitten gevangen in een veeleisende energie en ritme waar ik me niet meer van kan losmaken.
Inhoudelijk en qua vorm worden de barrières doorbroken, en ondanks hun jonge leeftijd zijn ze niet bang om het publiek te pushen, om de grenzen te verleggen die we in theaters nodig achtten. Een groot gewelddadig ontwaken, maar bovenal een grote klap van vrijheid, gaan we met hen mee in deze noodzakelijke opstand, geleid met een zeldzame bitterheid en een indrukwekkende kracht van een superenergetisch groepje.
Ze proberen ons wakker te schudden, om ons wakker te maken voor het echte geweld om ons heen. Zij geven ons de energie van de strijd door, de strijd tegen de permanente onderdrukking, de strijd tegen de immoraliteit van deze wereld, de strijd tegen het opgelegde individualisme, de strijd tegen dit ongezonde kapitalisme waarin geld de eerste plaats inneemt, ver voor de mens. Het is in het licht van deze vaststelling dat zij opstaan en ons uitnodigen om hen te volgen. Living Theater versie 2018.
Ik ben in de war, ze slagen erin om deze gloeiende energie op mij over te brengen en ik wil handelen. Deze jonge mensen, net als ik hebben hier nog een lange weg te gaan, en voor hen is het niet de moeite waard om zich dit pad in passiviteit en ontgoocheling voor te stellen. Er is op dit moment sprake van een pure rebellie op het podium, en dat is prachtig. Het is fucking mooi om mensen samen te zien vechten met zo'n noodzaak.
Je voelt in hen het getrappel, de behoefte aan juichende vrijheid. De behoefte aan vitale verandering. Ik voel me een beetje als op Peter Pan's Island of the Lost Children, als een visie op een mogelijk ander leven, een gemeenschap en een opstandig leven ver van afgebakende en onderdrukkende perspectieven. Tussen deze jeugd en het leven dat hun wordt opgedrongen ontstaat een echt gevecht.
En dan vindt er een terugkeer naar rust plaats, en het is het moment van warm comfort voor de lichamen, een behoefte aan tactiele bijeenkomst. Is de tast niet ons eerste zintuig om verbondenheid te creëren?
Na deze wervelwind voelen we de behoefte om samen te komen, de behoefte aan samenhang. The fight stopped, time to be soft.
Deze show draaide me helemaal ondersteboven, ik had de indruk een bijna mystieke ervaring te beleven. Zo hard ging ik mee met hen, zij waren in de zaal met ons, wij waren op het podium, er zijn geen muren en geen kaders.
De energie van wanhoop die ons wordt getoond, is direct gekoppeld aan de moed waartoe deze wanhoop leidt. Hoe creëer je een bron van solidariteit?
Door het lichaam, door de energie, werpen we een blik op de mogelijkheden van een reactie. Soms wordt de wanhoop van de geest de vreugde van het lichaam, de enige uitweg uit een almachtig sociaal en economisch systeem. Het wordt tegengewerkt door de macht van het collectief en zijn opstand.
Michiel Vandevelde slaagde er in om in het creatieve proces gedeeltelijk na te bootsen wat Living Theater zo interessant maakte: deze collectieve kracht, grotendeels gecreëerd door het dagelijks leven van de gemeenschap, in groep leven, in groep denken, in groep vechten. Na de show, lijkt net dit de oplossing te zijn voor conflicten en problemen waarvoor het hoog tijd zou zijn om ze op te lossen.
Lucie over 'Paradise Now (1968-2018)' van Michiel Vandevelde / fABULEUS in Kaaitheater tijdens Kunstenfestivaldesarts 2018.
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